Quatrevingt-treize

Créé en décembre 2008, le spectacle issu de l’adaptation théâtrale de Quatrevingt-treize de Victor Hugo par Godefroy Ségal n’a cessé de tourner depuis. Après les scènes nationales du Creusot et de Saint Nazaire et le Festival Off d’Avignon en 2010, la compagnie In Cauda poursuit sa route en 2011 et 2012, avec notamment 20 représentations à la Maison de la Poésie de Paris en avril et mai 2012.

France culture « La Fabrique de l’histoire »
5 décembre 2008
Une émission d’Emmanuel Laurentin
avec Fabrice d’Almeida, et Pascal Ory

Quatrevingt-treize sur France 2 dans Avant-premières le jeudi 3 mai 2012 entre 1h15 et 1h19

Godefroy Ségal invité de l’émission Ondes de choc sur Radio Libertaire le lundi 30 avril 2012 

Article paru dans le numéro du 2 au 8 mai de Télérama Sortir

Article de Karim Haouadeg paru dans la revue Europe de juin-juillet 2012

« Si Quatrevingt-treize est une rare réussite parfaite, c’est précisément parce que Godefroy Ségal est un véritable auteur dramatique. On avait pu en juger en 2007 quand il avait mis en scène au Théâtre de la Tempête sa propre pièce Les Chiens nous dresseront, consacrée à Du Guesclin et à la bataille de Cocherel. Cette grande fresque épique transportait, par des moyens spécifiquement théâtraux, le spectateur dans une guerre de Cent Ans farouche et grandiose. On retrouve ce même souffle héroïque dans son adaptation du roman de Victor Hugo, mais avec à la fois une plus grande inventivité et une opportune économie de moyens. Et le tour de force a été pour cette adaptation de prendre le parti d’une fidélité sans faille. (…) C’est donc à une participation active que le spectateur est invité. Une sorte de théâtre mental, où chaque scène est le résultat de la confrontation entre les images projetées, le jeu des comédiens et un travail de bruitage effectué par ces mêmes comédiens sur scène. (…) Aujourd’hui, alors que la République a soigneusement été vidée de tout contenu, alors que s’est constituée une nouvelle aristocratie, alors que les privilèges de l’argent, et ceux de la naissance même, semblent nous replonger des siècles en arrière, un spectacle comme celui de Godefroy Ségal est salutaire, qui nous rappelle que Quatrevingt-treize doit être le cri de ralliement de ceux qui ne se résignent pas. »

Article de Manuel Piolat Soleymat paru dans le numéro de mai 2012 de la Terrasse

« Transmission de la réflexion sur la Révolution française et la période de la Terreur menée par Victor Hugo. Transmission des souffles subversifs et de la démesure contenus dans le roman érotique de Guillaume Apollinaire. De factures assez différentes (rapport scène salle classique et monofrontal, ambiance obscure, dépouillement de la théâtralité et de l’espace de jeu pour Quatrevingt-treize ; public installé sur le plateau dans un rapport trifrontal, au plus près des interprètes, atmosphère colorée, exubérance des effets pour Les Onze mille verges), les deux mises en scène de Godefroy Ségal se rejoignent dans l’impression de droiture, de grande sincérité qui se dégagent de l’une et de l’autre. Ainsi que dans leur volonté manifeste de donner naissance à un théâtre d’inspiration personnelle, de trouver des solutions singulières aux difficultés que pose le passage au plateau de ces œuvres littéraires. (…) Car c’est le projet dans sa globalité (globalité de chaque représentation, mais aussi du diptyque auquel elles donnent forme) qui finit par marquer l’esprit. De la verve de Hugo aux tourbillons d’Apollinaire, cette double proposition de la compagnie In Cauda réussit son pari : conjuguer geste théâtral et geste citoyen. » 

Article de Muriel Steinmetz paru le 16 avril 2012 dans L’Humanité

« L’action, narrée par à-coups par Nathalie Hanrion (qui incarne aussi Michèle Flechard), se joue au pied du décor. Des combats furieux, titanesques, agitent sur scène une République encore fragile. Comme un feu roulant de gestes, la mise en scène déplace sans cesse le centre de gravité de l’œuvre. On est tour à tour à Paris, où la ferveur révolutionnaire est entretenue avec vigueur, ou en Vendée, où la guerre fait rage entre les Blancs royalistes et les Bleus de la Révolution. C’est à Paris que l’on est convié au dîner fameux auquel assistent Danton (Alexis Perret, qui jouera aussi, entre autres, Gauvain), Robespierre (Boris Rehlinger, qui sera aussi Radoub et beaucoup d’autres) et Marat (Géraldine Asselin, également narratrice…). C’est à table que l’Ami du peuple prononce sa harangue célèbre sur la «dictature de la Commune». Hugo met à nu toutes les contradictions dans les deux camps. (…)Les comédiens se mettent en bouche avec ferveur la parole tonitruante de Hugo. On apprend beaucoup sur ce passé toujours brûlant, qu’on le veuille ou pas. »

Article d’André Antébi paru le 16 avril 2012 dans un Fauteuil pour l’orchestre

« Et il est extraordinaire de voir combien cette parole universelle, humaniste, et visionnaire, ici portée par la compagnie In cauda, continue de nous renvoyer à la contemporanéité.
Tout le dispositif scénique élaboré par le metteur en scène est mis au service de cette parole, dans ce qu’elle a de plus pure. Tout repose sur les cinq comédiens qui face au public, interprètent tous plusieurs rôles, sans artifice, costume ou autres décors. Ce sont eux qui assurent la continuité et la clarté d’un récit pourtant complexe, le rythme tendu d’un bout à l’autre de la représentation, alternant différents modes de narration, le conte et l’incarnation des personnages, avec une immense générosité.
Il serait injuste de ne rendre hommage qu’aux artistes présents sur le plateau. Ils sont accompagnés tout au long de la pièce par la projection des peintures de Jean-Michel Hannecart. Véritable hommage aux gravures de l’époque révolutionnaire, hommage aussi aux peintures de Victor Hugo, les tableaux d’Hannecart ouvrent un champ d’imagination pour le spectateur, une porte sur le roman et sur le rêve. Tantôt elles prolongent une pensée, une image, tantôt elles nous plongent dans un nouvel espace, pour une nouvelle émotion.
Cet écho entre la scène et l’écran donne de la profondeur au récit et participe à cette lourde tâche que Hugo assignait au poète, de mêler tout à la fois « le grand et le vrai, le grand dans le vrai et le vrai dans le grand ». »

Article paru le 16 avril 2012 dans Froggy’s Delight

« Godefroy Ségal relève le défi avec le parti pris d’une structure narrative composée de plans séquences qui rappelle celle des fictions historiques du temps héroïque de la télévision française des années 50-60, notamment la série « La caméra explore le temps », et la forme de la dramatique radiophonique avec des comédiens officiant, en tenue de ville, de manière frontale, sous deux écrans latéraux servant de support illustratif avec la projection de dessins en noir et blanc de Jean-Michel Hannecart réalisés dans ‘esprit des eaux fortes de l’édition originale. (…)Avec cing comédiens de la Compagnie In Cauda dont il est le fondateur, François Delaive, Boris Rehlinger et Alexis Perret, assurant l’interprétation de l’ensemble des rôles masculins, et Géraldine Asselin, excellente narratrice, et Nathalie Hanrion, parfaite dans les emplois mélodramatiques, Godefroy Ségal parvient à restituer l’abondance dramaturgique du roman dans lequel les destins individuels sont broyés par la l’Histoire et l’essence du propos politique avec, entre autres, une véritable scène d’anthologie, celle de la confrontation au sommet entre Danton, Robespierre et Marat.
De quoi réjouir tant les passionnés d’histoire que de Victor Hugo. »

Article de Jacques Portes paru le 14 avril dans Histoires de Théâtre

« Le message de Hugo, humaniste, est nettement républicain, mais en montrant les errements de chacun des camps, il adopte une position analogue à celle d’Albert Camus à propos de la guerre d’Algérie. Godefroy Ségal a fait le pari de monter en pièce cette énorme histoire, sans décor, sans costume avec cinq acteurs qui jouent tous les rôles (Géraldine Asselin, François Delaive, Nathalie Hanrion, Alexis Perret, Boris Rehlinger), un bruitage savant et en projection des peintures noir et blanc originales de Jean-Michel Hannecart évoquent la scène en train de se jouer, annoncée par une narratrice qui effectue les liaisons. Le résultat est impressionnant car tous les acteurs se donnent à plein, suivant un rythme qui ne faiblit jamais, leur chorégraphie est tracée au cordeau, quand ils changent de personnage, sans changer de vêture mais avec des postures particulières. Le choix du metteur en scène évoque les mystères du Moyen-Age, quand la seule parole suffit parfois. Une belle réussite. »

Article de Francis Dubois paru le 12 avril 2012 dans le snes

« Nous sommes en mer, au cœur d’une bataille, ou en plein débat parlementaire à l’assemblée nationale et on y croit dur comme fer.
On assiste à deux heures de théâtre à l’état pur, sans costumes, sans décor, sans artifice, mené par mains de maître par des comédiens hors pairs, de ceux dont on sent bien qu’ils ont pris leur projet à bras le corps et qui, le moment venu, le défendent avec une énergie qui fait plaisir à voir. »

Article de Yael paru le 12 avril 2012 dans toute la culture

« De noir vêtus, habités par le texte de Hugo et se retournant parfois vers des instruments à bruits posés sur une table, les 5 comédiens de la Cie In Cauda rendent un bel hommage au roman qu’ils illustrent comme un modeste et rigoureux son et lumières. Batailles, débats, présentation mythique de la Convention, tout le livre de Hugo est là et par synecdoque toute la Révolution. Sous deux panneaux de sublimes peintures illustrant Hugo (signées Jean-Michel Hannecart), les humains semblent écrasés par l’histoire. Un très beau travail théâtral qui plaira aussi bien aux jeunes yeux découvrant « Quatre-vingt-treize » pour la première fois, qu’à ceux et celles qui se rappellent de ce baptême du feu et ne veulent pas faire défaut à leur émotions d’adolescence. »

Article de Nicole Bourbon paru le 11 avril 2012 dans Reg’arts

« Quel challenge de réduire le foisonnant roman de Victor Hugo à une pièce de théâtre de deux heures.
Challenge pourtant relevé et oh combien brillamment réussi par Godefroy Ségal et son équipe. (…)Et la magie opère, on oublie ce qu’on voit pour ressentir pleinement ce qu’ils veulent nous montrer, on est au cœur de la bataille, dans un village dévasté, dans une cellule, on voit la perte du navire, l’incendie de la tour, on se croit véritablement avec Danton, Robespierre et Marat au cours d’une scène d’anthologie.
La tension monte jusqu’à la scène finale, on est emporté par la beauté et le lyrisme du texte, la force évocatrice des mots autant que par le talent des comédiens, l’originalité et la puissance de la mise en scène.
Quand le noir se fait sur ces mots de Victor Hugo « Et ces deux âmes, sœurs tragiques, s’envolèrent ensemble, l’ombre de l’une mêlée à la lumière de l’autre. », on reste dans son fauteuil comme écrasé par tant d’émotions diverses éprouvées.
Voilà du beau, du vrai, du talentueux théâtre, capable de nous subjuguer et de nous faire voyager loin sans autre artifice que le talent et l’imagination. Merci pour ce fabuleux moment. »

Article de Laura Plas paru le 8 avril 2012 dans les trois coups

« Comment caractériser le travail de la compagnie In cauda ? D’abord, par le privilège accordé au récit. Les cinq interprètes, vêtus de noir, s’effacent devant les personnages et les font naître par la parole. Ils racontent, et un lieu apparaît immédiatement. Une posture suffit à camper un personnage. Boris Rehlinger est ainsi Halmalo, puis Raboub, ou Caiman, et l’on y croit. Sa prestation est particulièrement remarquable. On est d’autant plus convaincu par ce choix de mise en scène que, chez Hugo, les personnages conservent une part de mystère : le scélérat peut devenir sublime, et le maître se métamorphoser en un instant en disciple. Par ailleurs, dansQuatrevingt treize en particulier, ils sont construits en opposition, souvent par paires. Qu’une même personne incarne l’un et l’autre permet de mieux comprendre le contraste et la réversibilité des figures. (…)Enfin, Godefroy Ségal a eu la belle idée de faire dialoguer les mots avec les œuvres de Jean Michel Hannecart. On a peut-être en tête les crayons de Victor Hugo. Avec leurs noirs, blancs, leurs tracés d’ombres et de lumières, les soixante quinze œuvres de Jean Michel Hannecart y font songer. Le noir et le blanc s’y opposent comme dans le roman les Blancs et les Bleus, la mort et la grâce. Dans le travail d’estompage à la craie se niche en même temps une sorte de mystère. Les visages ne sont de fait jamais totalement dessinés, ils nous échappent, et nous pouvons continuer à les rêver, comme nous faisions au cours de notre lecture. Par ailleurs, l’image offre les ressources du cinéma : le gros plan, le plan d’ensemble. Elle dialogue avec ce qui se passe sur scène : l’image n’est pas pure illustration. En tout cas, un spectacle furieux et assourdissant. Pertinent. »

Article d’Audrey Natalizy paru le 13 avril dans Mes Illusions Comiques

« Certaines histoires sont faites pour nous endormir, d’autres pour éveiller nos consciences. Alors que nous sommes sur le point de glisser notre bulletin dans l’urne, Quatrevingt-treize est une piqûre de rappel nécessaire pour comprendre comment est née notre République et quels étaient les idéaux des hommes qui l’ont construite.»

Article de Judith Sibony paru le 22 juillet 2010 dans Coup de Théâtre

« Car dans ce spectacle, on ne cherche pas l’effet, on montre tout : la toile secouée pour faire entendre les voiles d’un navire, les percussions utilisées pour accompagner une action militaire, les pétards lancés pour faire sentir l’odeur de la poudre, les sifflements d’un acteur qui mime le vent… Vaine agitation, pensera-t-on peut-être au vu de cette description. Sublime modestie, répondra le spectateur, conquis par ces petits « jeux » entièrement dédiés à son imaginaire. Sous le signe de cette ardente modestie, donc, la grâce ne manque pas d’opérer. Devant la scène ornée d’une simple table et de quelques tabourets, on est d’emblée transporté partout où les acteurs nous conduisent : de batailles en dilemmes politiques, de tour enflammée en cellule de prison… Un délicieux petit miracle de théâtre, en somme. »

Article de Christine Friedel paru le 22 juillet 2010 dans Théâtre du Blog

« Godefroy Ségal retrouve avec Quatrevingt-treize, la violence qui animait sa pièce Les chiens nous dresseront. Mais avec une rigueur qui manquait à celle-ci : le théâtre-récit nous est adressé frontalement, tribunal révolutionnaire, avec de brusques irruptions du jeu. L’œil est arrêté par tel geste précis, ou s’égare dans les toiles du peintre Jean-Michel Hannecart projetées au-dessus de la scène. Pas de couleurs, sinon le gris, le beige, le noir fumée. Pas vraiment des illustrations : des images brumeuses d’où pourrait naître le récit. Pas d’autre décor, bien sûr, ni de costumes, sinon une certaine façon pour les comédiens de porter leurs vêtements : allusive, propre à la suggestion, surtout, tremplin.
La violence est dans le sang-froid des mots, avec de brusques flambées. Elle se joue dans le rythme, les accents des percussions, les ruptures, les enjeux. L’adaptation est sévère : ne restent du texte que le tronc et les branches. Cela suffit pour soutenir le débat posé par le vieil Hugo : quel pouvoir, quelle action pourraient être à la fois justes et efficaces ? Question qu’il laisse sans réponse, à la fin de sa vie, en humaniste et en citoyen. »

Quatrevingt treize rencontre avec Godefroy Ségal from Theatre Espal on Vimeo.


Quatrevingt-treize dans le 12/13 de France3 Limousin le 11 janvier 2012